Au Bénin, les villes historiques reconnues qui racontent les affres de la traite négrière comprennent la ville de Ouidah, où se trouvent la majestueuse Porte du Non-Retour et la célèbre Route des Esclaves. Pourtant, en parlant de la Route des Esclaves au Bénin, la portion située à Ouidah ne constitue qu’une infime partie. Cette route traverse également les régions montagneuses de Boukoumbé, dans le septentrion du pays, en passant par le centre, avant de rejoindre Ouidah. Ainsi, plusieurs localités abritent encore des preuves et traces de l’esclavage au Bénin.

L’horizon nous invite cette fois-ci à faire une petite pause à Savalou, affectueusement appelée la cité des Sôhavi, située dans le département des Collines. Très connue pour les festivités autour de l’igname, cette cité abrite cependant une portion de la Route des Esclaves, sur laquelle a été construit le Panthéon de la Résistance Panafricaine.
C’est un monument-site dédié à la mémoire des esclaves africains, inauguré le 13 août 2014 par le roi Gbaguidi Tossö XIII. Le Panthéon de la Résistance Panafricaine a été érigé sur l’ancien parc de regroupement des esclaves, situé sur un chemin de terre raccourci menant à Abomey en cachette, plus précisément dans le quartier de Walanoukon, reliant les quartiers d’Affôsouklinou et d’Agblântchadji.
Il est constitué d’une clôture massive faite de pierres taillées et de fer, longue de 150 mètres, sur laquelle se trouvent des bas-reliefs relatant la traite négrière. On peut également observer sur cette clôture une carte d’Afrique de 5 mètres de hauteur, soutenue de part et d’autre par des filles et fils du continent. À l’entrée du Panthéon, une porte en forme de trône donne accès à l’intérieur, où, dans un décor pittoresque, on peut voir des représentations saisissantes : des esclaves, visiblement bien malheureux, assis, la main au menton, les larmes aux yeux, vêtus de simples pagnes, attendant d’être embarqués. En face d’eux sont représentés des colonisateurs : deux gardes armés, l’un assis devant les esclaves et l’autre protégeant leur chef, confortablement installé, « pipe au bec ».
Selon le roi Gbaguidi Tossö XIII, il existe encore des vestiges témoins de cette histoire : un arbre vieux de plus de deux siècles, contre lequel on attachait les esclaves, et un puits intarissable où ils s’abreuvaient. Le monument sur le site symbolise la résistance à l’esclavage et honore les déportés. Le site lui-même témoigne de l’histoire des bras valides arrachés au royaume de Danxomè par les colons. Dada Gbaguidi Tossö XIII a choisi de créer ce monument à cet endroit précis pour des raisons significatives. Le site se trouve sur un tronçon reliant Savalou à Abomey, un raccourci utilisé par les colonisateurs lorsqu’ils venaient acheter des esclaves dans les annexes du royaume de Danxomè. Cet emplacement servait de lieu de repos pour les colonisateurs après des heures ou des jours d’escorte, mais représentait un lieu de doute et de souffrance pour les esclaves. Dans l’optique de retracer ces chemins parcourus, ce monument a été érigé sur ce site.
Au-delà des festivités du 15 août à Savalou, ce site constitue une bonne raison d’y aller tous les jours de l’année.
