FESTIVAL DES MASQUES DE Porto-Novo 2025 : Le décryptage par tata patrimoine culturel !

Du 02 au 03 août 2025, immédiatement après la célébration du 65ᵉ anniversaire de l’indépendance du Bénin, la ville de Porto-Novo, capitale du pays, a accueilli la deuxième édition du Festival des Masques.

Origines

Né de l’évolution du Festival International de Porto-Novo (FIP), ce rendez-vous culturel est désormais porté par le gouvernement béninois. Il vise à présenter le patrimoine culturel, en particulier les formes masquées, à la fois cultuelles et culturelles. À la différence des Vodoun Days qui célèbrent exclusivement les pratiques endogènes, le Festival des Masques s’inscrit dans une dynamique de revalorisation, de pédagogie patrimoniale et de déconstruction des imaginaires souvent réducteurs autour des figures dites « masquées ». Il s’agit ici de sortir d’une lecture exotisante du Vodoun afin d’exposer la pluralité des figures masquées, qu’elles soient rituelles (non profanes) ou performatives (profanes).

Masques profanes vs non profanes : Une clarification à accentuer

Le terme « masque » lui-même est un emprunt occidental qui ne rend pas fidèlement compte de la diversité des entités que l’on désigne ainsi. Dans le contexte béninois, il est important de distinguer deux grandes catégories :

  • Les masques non profanes sont liés au sacré, au rituel ou au religieux. Ce sont des entités habitées et réservées aux initiés. Cette année, le Festival des Masques de porto novo, comme masques profane c’était :   Egungun, Zangbéto, Gounouko, Guèlèdè, Goli, Zaouli

  • Les masques profanes, quant à eux, relèvent de performances artistiques. Déconnectés de toute fonction rituelle ou religieuse, ils ne sont investis d’aucune force et sont accessibles au grand public. Il s’agit ici des masques Agouda (afro-brésiliens) et des masques du Carnaval International de Ouidah.

Le Carnaval International de OUIDAH, au Festival des masques.

Le week-end du 2 août, l’esplanade du Palais des Gouverneurs a résonné au son des tambours, chants et danses portés par les masques Kaléta et les masques Python mobilisés par les organisateurs du Carnaval International de Ouidah (CIO).

Les Kaléta sont des masques profanes de divertissement et hérités du retour des esclaves déporté et souvent associés aux festivités de fin d’année.

Quant aux masques python, ce sont des créations du CIO, Inspirés de l’entité vodoun Dangbé vénérée chez les Xwéda du Sud Bénin. Ces masques, bien que profanes dans le cadre du festival, empruntent leur esthétique et leur gestuelle aux codes spirituels.

Le Festival des masques de porto novo, une ouverture sur l’Afrique de l’Ouest.

Située à quelques mètres du carrefour 04 canards dans le quartier Dangbé Klounon, c’est la place vodoun rénovée portant le même nom que ce quartier (place Dangbé Klounon honto) qui a accueilli les masques Zaouli, Goli de la côte d’ivoire, pendant ces deux jours du festival.

Le Goli est une figure du groupe socioculturel Baoulé en Côte d’Ivoire.

Il représente les esprits protecteurs du village et est présenté sous une forme duelle : mâle et femelle.

Avec un masque sculpté dans du bois peint (noir, rouge, blanc), le Goli est revêtu d’un costume composé de fibres de palmier ou raphia, d’une cape en peau d’animale et de grelots.

Le porteur du masque est un initié et donc avant la performance, il est symboliquement « endormi » à l’aide d’un bain de feuilles sacrées et par l’ingestion de vin de palme. On dit alors qu’il devient habité par l’esprit Goli.

Autrefois réservé aux funérailles, aux crises, ou encore à l’intronisation des chefs, le Goli sort aussi lors de fêtes de récolte, de naissances importantes, ou encore pour le règlement de conflits, mais tout en conservant son caractère sacré.

Le Zaouli est une danse du groupe sociocuturel Gouro, principalement présent dans le centre-ouest de la Côte d’Ivoire.

Selon la légende, une très belle jeune fille du nom de Zah serait morte de manière brutale. Son père, Djela, inconsolable, aurait rencontré un génie lors d’une partie de chasse. Ce dernier lui aurait remis sept masques, chacun représentant une facette de sa fille. Ainsi serait né le masque Zaouli, en hommage à Zah. Vraie histoire ou mythe ? Cela reste une légende, transmise de génération en génération.

Le zaouli célèbre la beauté féminine, en particulier celle des femmes Gouro. Fait remarquable, cette exaltation de la féminité est incarnée par des hommes, initiés, seuls autorisés à porter le masque et à exécuter la danse.

La danse commence généralement par un moment lent et solennel, puis s’emballe soudainement dans un rythme effréné. Le danseur, toujours le buste immobile, exécute des pas d’une vitesse incroyable, en frappant le sol avec ses talons. Ses poignets et chevilles sont décorés de fibres de raphia et d’autres accessoires, qui produisent un son rythmique complémentaire à celui des tambours, flûtes et cloches qui l’accompagnent.

En 2017, le Zaouli a été inscrit sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO, confirmant son importance culturelle et artistique à l’échelle mondiale.

Issus de la collectivité Takpa à Porto-Novo, le Gounouko était autrefois utilisé comme épouvantail pour protéger les champs de riz.

Il se distingue par sa morphologie singulière, capable de s’allonger et de se rétracter, et par sa danse particulière en mouvement de pivot. Originaire d’Oyo au Nigeria, le Gounouko est rattaché à un culte d’origine Yoruba-Nago. Il est souvent perçu comme une représentation du Tohio, un ancêtre divinisé au sein de certaines familles.

Ce masque n’est activé que lors de cérémonies précises, sous la conduite exclusive d’un homme initié appelé Adjadjou. Sa tenue, sobre, est généralement bicolore ou unie, et ses apparitions sont rythmées par le bata goto, accompagné de chants en langue yoruba.

La société du Gounouko est strictement réservée aux hommes majeurs et interdit aux femmes, même celles de la collectivité Takpa. La transmission de ce culte repose sur une double logique : héréditaire et initiatique.

Le Nigéria et le Togo , deux pays frontaliers à la République du Bénin ont également été présents pour les festivités avec respectivement le masque N’newi et le pkodjiguèguè.

Tata patrimoine culturel

La grande procession des masques

Le 03 août dans l’après-midi, le Boulevard Lagunaire, axe aménagé à l’entrée de Porto-Novo juste après le pont, au niveau du premier carrefour, à l’amorce de la Route Nationale Inter-États n°1, a servi de scène à une parade de clôture. Tous les masques ayant animé les différentes places vodoun rénovées ont défilé devant les autorités, dans une mise en scène soigneusement orchestrée, digne des grands spectacles de rue. C’est sur ce même boulevard qu’a eu lieu le grand concert du festival des masques.

Récap 

Le Festival des Masques de Porto-Novo, c’est :

  • 05 places vodoun rénovées en animation,
  • Plus de 08 figures masquées présentées
  • 03 pays invités (Côte d’Ivoire, Nigéria, Togo)
  • Des milliers de visiteurs, nationaux et internationaux

Ce grand rassemblement démontre à quel point le Bénin, pays laïque et multiculturel, est capable de rassembler autour de ses expressions culturelles. Cap désormais sur la troisième édition, déjà très attendue.

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